Date du : 30 Dec, 2022 au : 31 Dec, 2022
Le 30 et 31 Décembre, s’est tenue à Goural (Aleg), la deuxième édition des journées culturelles du Musée de la Vache. Aleg, la capitale de la Wilaya a eu l’honneur d’accueillir l’ouverture officielle en programme de la première journée.
Dans la matinée du vendredi 30 Décembre, il y’a eu le cérémonial de l’ouverture officielle, à la maison des jeunes d’Aleg, avec le discours de bienvenue du président du Musée de la Vache de Goural, qui est revenu sur l’historique et les objectifs de cette nouvelle institution muséale, qui vient enrichir le répertoire des Musées Privés du pays.
L’Adjoint au Maire d’Aleg et le Délégué Régional de l’Elevage seront les portes voix des autorités communales et administratives, pour lancer officiellement les activités du rendez-vous culturel de Goural.
Dans l’après-midi, c’est la conférence sur l’histoire et les origines de la ville d’Aleg, avec un panel de grandes figures intellectuelles et historiques du terroir, à savoir :
- Mr Moustapha Mohamed Vall dit grand Moustapha, Enseignant,
- Mr Sneiba El Kory, journaliste,
- Mr Med AbdallahiHeibetty, Banquier,
- Mr NagiHeibetty, Administrateur.
Avec Mr Abdoulaye Mamadou Bâ comme modérateur. De prime à bord, les illustres conférenciers ont été à la hauteur, surtout ont pu rafraîchir les mémoires du public, venu nombreux pour écouter l’histoire de cette ville et par ricochet un pan de l’histoire de la Mauritanie, car le congrès de 1958 à Aleg, restera plus que jamais lié à l’indépendance de notre pays en tant qu’Etat.
Au-delà de l’origine du nom Aleg, lié à son lac, c’est la toile d’araignée humaine et l’enchevêtrement entre tribus et ethnies qui a marqué l’auditoire, car la ville était devenue un laboratoire de brassage raciale et de diversité linguistique entre arabe – haratine – peul – soninké – wolof et bambara, jusqu’aux malheureux évènements de 1989.
Ce qui est sûr, la conférence a bien tenu toutes ses promesses de rappel historique, et de leçon pédagogique du vivre ensemble dans la dialectique du donner et du recevoir entre maure et peul depuis la nuit des temps.
Les questions du public sont venues éclairer certaines zones d’ombres, comme celle de savoir la recette magique qui avait prévalu la bonne cohabitation entre les différentes communautés durant l’âge d’or de cette belle harmonie. Et d’autres ont recommandé au maire de la ville, d’œuvrer pour transformer la maison hôte du congrès 1958, en Musée de l’Histoire.
La première journée est clôturée autour d’un grand diner à Goural, pour rapprocher davantage les nombreux participants et invités venus des quatre coins du pays et de l’extérieur.
Le samedi 31 décembre, la bourgade pastorale de Goural a déroulé le tapis vert culturel, pour accueillir ses nombreux invités autour du programme de la deuxième et dernière journée :
- Pause de la première pierre de la salle d’Exposition du Musée de la Vache,
- Visite du Musée de la Vache,
- Remise symbolique d’objets offerts par l’ancien Musée Bagodine de Nouadhibou,
- Conférence sur la déperdition scolaire,
- Défilé traditionnel et scénette sur les modesde transhumance peule,
- Remise d’Attestations de reconnaissance,
- Et la soirée culturelle, avec le groupe artistique de l’Association de Développement Communautaire salaayel de Loboudou comme invité d’honneur.
Durant cette journée mémorable, la population de Goural est passée du double au triple, et le village s’est avéré trop petit pour accueillir tout ce beau monde, mais l’hospitalité légendaire peule n’a pas failli à la règle, pour réussir sa journée.
Vers 10 heures, suivant l’agenda du programme, la première pierre de la salle d’Expos, fut posée par le Hakem Adjoint, le maire de la commune d’Aleg et le président du Musée de la Vache.
Cette cérémonie s’est déroulée en présence de leurs honorables invités et visiteurs de marques, comme le docteur Sall Ousmane et son collègue du Mali, le professeur Sow, Abdoulaye Mamadou Bâ, ancien ministre porte-parole du Président de la République, Issa Bâprésident duKawralOurourbé, Dounya Mili Femme de lettre et cinéaste franco-tunisienne, et AboubecryHamet Ly chef de village de Loboudou (le 1er Eco-village du pays).
De nombreux notables d’Aleg, du pays et de la sous-région, sans oublier cette foule compacte d’anonymes venue savourer avec les habitants de Goural, ses moments de communion et d’allégresse socioculturelle.
Oui comme l’a rappelé le jeune poète et historien Mamadou IdyNGam : « Goural c’est le village du progrès à l’aune du développement – Guralwurobural – Humpitiingodanial … » La traduction reste approximative, car le poète a déclamé en pular.
Ce qui est sûr cette magnifique bourgade peule restera une référence dans l’histoire du pastoralisme en Mauritanie, car Goural est par essence le berceau de la descendance de la branche foulbé ourourbé. Et aujourd’hui, cette descendance, à cheval entre la tradition et le modernisme, a choisi le concept senghorien du donner et du recevoir, pour conserver et valoriser son patrimoine, en restant ouvert sur le monde, par le rayonnement culturel dans son environnement.
C’est dans cette dynamique que les ressortissants de Goural, à leur tête, un certain Amadou Demba Bâ, ont eu l’idée novatrice de créer le Musée de la Vache, comme un grenier culturel, qui conjugue le passé au présent, avec un regard constructif tourné vers l’avenir.
Après la visite du Musée de la Vache, il y’a eu la remise symbolique d’objets de l’ancien Musée Bagodine, par NGam Seydou, son directeur de l’époque, et son chargé de Civilisation et d’Histoire,NGam Mamadou Idy, venus respectivement de Nouadhibou et de Bagodine comme pèlerins culturels à Goural..
À 12 heures 30, la conférence sur la déperdition scolaire peut commencer dans la grande salle du jardin d’enfants, et ceci temporairement avant que la salle d’expos et de conférence du Musée de la Vache prend forme, pour prendre le relais d’accueil des évènementiels culturels.
MonsieurMamadou Mbaye inspecteur de l’enseignement à la retraite et aujourd’hui vice-président de la structure feddéMbamtarréPoular en Mauritanie, en tant que conférencier,a passé en revue la problématique de déperdition scolaire au niveau du pays et la région de Brakna prend la première place de la lugubre statistique nationale avec plus de 60%.
Les questions-réponses, et la parenthèse sur l’exposition de la pharmacopée traditionnelle par le tradi-praticien Mamadou Alpha Sow, ont clôturé cette enrichissante conférence, qui a éclairé le noyau de parents d’élèves que constitue le public dans sa majorité, sur la crise multidimensionnelle que traverse l’école.
À17 heures 30, le défilé traditionnel rentre en scène sur l’esplanade du musée de la vache. Des jeunes filles et garçons parés aux atours peuls sont fortement acclamés et applaudis par les spectateurs enthousiastes et touchés par cette belle expression de la culture millénaire du Fouta.
La remise d’attestations de reconnaissance suivra la belle alchimie du défilé au rythme de poulagou.Lesspectateurs conquis, peuvent aller à la prière et se reposer avant la soirée culturelle et artistique du groupe musical Salaayel de l’Eco-village Loboudou.
À 22 heures, la soirée culturelle peut commencer, l’animateur Mamadou Aliw Bâ, invite le groupe salaayel sur la scène. MonsieurAboubecryHamet Ly chef de village de Loboudou, prend la parole pour remercier le président du musée de la vache, d’avoir choisi les artistes de son éco-village comme invités d’honneur de la 2ème Edition des journées culturelles de Goural.
Ainsi les jeunes artistes sont accueillis sur scène, par des salves d’applaudissement, pour la chanson Saato (Environnement). Le public en extase et les jeunes en délire, ont envahis la scène, pour esquisser quelques pas de danses traditionnelles.Par moments les étudiantes en poular de Thierno Seydou, peuvent déclamer des poèmes peuls pour agrémenter cette belle et mémorable soirée.
À minuit, nous sommes déjà à l’aube du 1er janvier 2023, le groupe entonne son dernier morceau :« KerolAlaa », un hymne à la paix, à la fraternité et aux échanges. Car KerolAlaa, signifie tout simplement, qu’il n’y a pas de frontières.
Ce qui est sûr, on entendra parler de ce groupe avec la belle voix de sa lead vocale Medina Niang, une jeune griotte émérite, qui a fait le choix de rendre hommage à l’environnement, pour réconcilier l’animal, le minéral et le végétal, dans un fouta où nos griots magnifient les hommes pour leur avoir, et leur apparence.
C’est le clap de fin de deux journées culturelles intenses et riches, où les cœurs sont conquis, les regards rayonnants de bonheur, et les esprits chargés de bons souvenirs.
Le rendez-vous est pris, à l’horizon décembre 2023, pour la troisième édition des journées culturelles de Goural
par Seydou NGam, ancien directeur du Musée Bagodine.
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